Gobekli Tepe, le temple mystérieux

Un temple mystérieux qui alimente toutes les théories

C'est un petit monticule d'une quinzaine de mètres de haut, artificiellement construit sur un sommet situé à 750 mètres d'altitude, au sud de la Turquie, à une soixantaine de kilomètres de la frontière syrienne.

Les ruines sont des cercles de pierre, des monuments décorés de gravures représentant des animaux, des humains... En tout, ces cercles font environ 300 mètres de diamètre. En comparaison, ce qu'il reste du cercle de pierres de Stonehenge, en Angleterre, en fait une cinquantaine.

La comète de la petite glaciation

C'était surtout une période charnière côté climat. La période du Dryas récent est un intermède froid, une sorte de "mini âge glaciaire" qui précède le réchauffement menant à la sédentarisation agricole des humains. Ce refroidissement de 1.300 ans semble avoir été brutal, et les scientifiques ont émis plusieurs hypothèses pour l'expliquer. Certains pensent qu'une importante fonte des glaces a modifié les courants océaniques réchauffant l'hémisphère nord, provoquant ainsi son refroidissement. D'autres évoquent un arrêt du courant El Niño, ou encore la modification de la circulation atmosphérique. Mais une autre hypothèse a attiré l'attention par son sensationnalisme : le refroidissement aurait été dû à l'impact d'une comète.

La théorie n'est pas prouvée, et elle est très controversée, mais elle a trouvé des alliés… à Gobekli Tepe. Dans une étude publiée au printemps dans la revue "Mediterranean Archaeology and Archaeometry", Martin Sweatman et Dimitrios Tsikritsis, de l'université d'Edimbourg (Ecosse) ont en effet décidé de décoder les inscriptions sur les pierres antiques à la lumière de cette possible rencontre cosmique.

Pour eux, ce serait bien une comète géante qui se serait désintégrée dans l'espace. Un essaim de fragments aurait ensuite heurté la Terre, causant la fameuse glaciation. Ils citent pour preuve un échantillon de glace du Groenland, mais aussi des dessins dans l'une des pierres du temple antique, la "pierre-vautour". Les deux scientifiques écossais ont interprété les animaux représentés sur la pierre comme étant des symboles astronomiques, et ont utilisé un logiciel pour reconstituer les positions des étoiles à l'époque.

Il y aurait donc eu, selon eux, un important événement dans le ciel voici 12.950 ans, et les habitants de Gobekli Tepe auraient voulu préserver le souvenir du "pire jour de l'histoire depuis la fin du dernier âge glaciaire." De cette interprétation, ils déduisent aussi l'une des fonctions de Gobekli Tepe : c'était le premier observatoire !

Mais cette théorie hardie ne suscite pas l'enthousiasme des spécialistes du lieu. Les archéologues en charge des fouilles du site ont donc publié une réponse dans la même revue en démontant les arguments des deux Ecossais. Ils signalent, entre autres, que le fameux pilier faisait très probablement partie d'une structure couverte d'un toit, ce qui semble un peu bizarre pour un observatoire astronomique.

La chronologie citée ne colle pas non plus : 12.950 ans, c'est tout de même presque un millénaire plus vieux que les plus anciennes datations des structures en question. Enfin, reconnaître des configurations célestes dans les animaux sans rien connaître des références culturelles des habitants de Gobekli Tepe leur paraît "incroyablement arbitraire." Autant pour le scénario-catastrophe !

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